Le Bonheur... C'est bien la grande quête de toutes les femmes et de tous les hommes sur la planète entière...
Avec son livre, Le Bonheur ça se pratique, Anne Ducrocq nous dévoile toute sa philosophie que nous devrions faire nôtre sur cet état d'allégresse tant désiré...
Il vous tombe dessus sans prévenir ce petit bonheur... Mais il s'envole tout aussi vite sans même que vous sachiez pourquoi...
« Ce livre est une main tendue, un tout petit traité personnel, très subjectif, de ce que j'ai appris sur le bonheur en faisant connaissance sur moi-même... La recherche du bonheur est une discipline et une pratique au quotidien... »
Vous écrivez... « On n'a pas forcément envie d'avoir un bonheur identique à celui de son voisin... Alors il est une chose que l'on peut faire : c'est choisir une direction, la sienne. »
Il n'y aurait donc pas un Bonheur avec un grand
« B »... Mais des bonheurs...
Vous pouvez nous en dire un peu plus...Certains, en été, prennent toujours la route du Sud pour leurs vacances quand d'autres optent systématiquement pour les chemins de montagne. Lumière ici, altitude là. Qu'est-ce que j'ai envie de vivre... Répondre à cette question c'est trouver un pays pour abriter son bonheur sans se tromper de bonheur. Car est-ce après nos désirs que nous courons ou après ceux des autres... Sommes-nous incapables de nous démarquer par nos opinions, nos goûts, nos façons d'agir et de réagir.
Qu'est-ce que je veux vraiment... Je sais que mon bonheur ne ressemblera pas au tien. Et inversement. On n'a pas les goûts culinaires, pas les mêmes aspirations morales ou spirituelles, on ne rit pas des mêmes choses, on n'a pas les larmes aux yeux pour les mêmes films, on ne souligne pas les mêmes livres. Cela fait du bien de ne pas chercher à avoir le même bonheur que les autres.
Nous avons tout à gagner à quitter les moutons de panurge et à avoir sur la vie, et notamment sur la nôtre, une opinion personnelle. Nous ne sommes pas vraiment heureux parce que nous courrons après un bonheur qui n'est pas le bon, pas à notre taille. Nous rêvons du bonheur d'un autre parce que nous n'avons pas pris le temps de réfléchir à ce qui fait notre bonheur à nous. Ce qui me comble moi, ce qui me suffit à moi. Certains ont besoin de peu, d'autres de plus. Il n'y a pas à être autre que ce qu'on est. Je dois juste apprendre à savoir où j'en suis moi, aujourd'hui. Pour ne pas être frustré de choses dont je n'ai ni besoin ni envie. Ne pas chercher à être comme tout le monde. Cela ne fait que générer des souffrances qu'on peut éviter. Il y a dans la recherche du bonheur un grand piège, c'est celui de la comparaison. Comparaison avec les autres, avec ce qu'on a vécu avant, avec « ce qui aurait pu se passer si seulement je..., si seulement les autres... ». Se comparer est un poison insidieux !
Pour ne pas perdre son temps, son argent, son moral, il faudrait délimiter une zone, se mettre au centre d'un cercle. A l'intérieur de la zone il y a moi, ce qui me touche, me fait du bien, me fait réfléchir, m'élargit... A l'extérieur, c'est la vie des autres et tout ce qui les rend (supposément) heureux. Et on va essayer de vivre chez nous et de les laisser vivre chez eux. Ce cercle n'est pas une bulle d'égocentrisme... « moi moi moi » - mais un espace dans lequel je suis vraiment moi, ni plus ni moins.
Accepter des croyances, les choses bien établies, c'est pour vous, si j'ai bien compris, « programmer son propre malheur... » Vous pouvez nous expliquer...Si nous considérons que le travail est toujours un calvaire, et que nous sommes malheureux au travail, va-t-on chercher à changer les choses... Probablement pas, puisque nous pensons qu'il est « normal » d'être malheureux au travail, que c'est une fatalité, et que c'est le lot de tout être humain. Dans ce cas, à quoi bon lutter... Nous allons alors nous résigner, rester dans un emploi qui ne nous convient pas, ne pas nous épanouir professionnellement (au mieux) et souffrir chaque jour (au pire). Tout cela va confirmer la croyance que le travail est bien un calvaire. CQFD. Idem si nous pensons que les histoires d'amour finissent toujours mal. Cela s'appelle programmer son propre malheur. Une petite introspection sur nos pensées n'est pas de trop ! Nous devons exercer une certaine défiance vis-à-vis de chacune d'entre elles si nous voulons pouvoir exercer notre discernement. Ce n'est pas parce que nous avons une opinion sur une question que nous sommes dans la vérité !
Nous ne maitrisons pas tout, mais nous avons tout de même la capacité de choisir une pensée plutôt qu'une autre ! Notre responsabilité personnelle existe : ne sommes-nous pas capables d'approuver et d'accueillir, comme de désapprouver et de refuser, une pensée qui apparait dans notre esprit...
« Ne vous énervez pas sur ce qui pourrait aller mal, enthousiasmez-vous pour ce qui pourrait fonctionner... », écrivait Xavier de Montépin. On se prive d'heures heureuses avec des étiquettes qu'on s'est collées, des croyances que l'on a inscrites dans le marbre. Et si on secouait l'arbre aux croyances limitantes... Cessons d'être tiède, timide, complexé. Si on arrêtait de rêver petit... D'où vient que l'on s'interdit d'avoir de l'ambition pour sa vie...
Nous croyons être diminués par nos faiblesses alors que nous sommes freinés par la peur de notre puissance.
Le bonheur est éphémère... Savoir le laisser s'envoler... Est-ce la meilleure façon afin d'être toujours heureuse, heureux...La jeunesse... La santé... La fortune... Votre grand amour du moment... Les pensées... Les émotions... La vie elle-même... Rien de tout cela ne dure. Rien de rien.
Tout file entre nos doigts comme du sable.
Comment être heureux dans cette impermanence ? Celui qui sait jouir de l'instant peut s'initier aux beaux et bons
moments passagers.
Vivre intensément, même le plus infime, est la clé de tout car les regrets n'existent pas. On peut alors laisser passer, le moment venu, dans la reconnaissance ce qu'on a reçu, ce qui nous a nourri. « Ce que tu m'as donné m'a transformée. Avec toi, avec ce travail, ce hobby, j'ai grandi, je suis enrichie et prête à vivre autre chose ».
Rien ne dure car tout se transforme, croît. La vie explose de vie. La nature, qui pense à tout, a d'ailleurs prévu quatre saisons : ce qui n'a pas lieu pendant l'une a lieu pendant l'autre, elles se complètent. Le printemps ne se plaint pas de n'être pas l'hiver, et l'été ne regarde pas l'automne de sa superbe. Nous avons toutes les saisons à vivre. Le bonheur ça prend son temps, ça mûrit et le fruit ne tombe pas de l'arbre avant.
La vie n'est que mouvement, élan. Si on fige, on sclérose, le bonheur ne peut plus passer. Rien n'est fait pour rester immobile. La vie ne sait pas s'arrêter, elle ne sait pas retourner en arrière. Elle n'est pas une petite chose fragile qui se protège, c?est tout le contraire. Elle est expansion, big bang. Lumière.
On ne protège pas non plus le bonheur, en le mettant sous cloche. On lui fait prendre le vent, des risques, on le donne à tout va, quitte à se le faire voler. Mais on ne vole pas le bonheur...
« Le Bonheur est un long apprentissage... », écrivez -vous...
Pouvez-vous nous donner quelques conseils pour un parfait apprentissage...Avoir conscience de ce qu'on reçoit est un art exigeant, et si tous les êtres y sont invités, trop peu répondent à l'invitation. Cela exige de se détourner de sa personne, de son ego. Entre l'ego et le bonheur, ça hésite, ça balance. Xavier Emmanuelli, dans « Le seul progrès qui vaille c'est l'accès au bonheur », écrit : « Plus vous laissez le moi dehors, plus vous effacez le moi, plus vous avez la possibilité d'accéder au bonheur. (...) Les ascètes le disent, le bonheur ne se trouve pas dans l'ego. Il se trouve dans la place que vous laissez ».
Le bonheur, ce serait de faire de la place à l'autre, à l'événement qui vient me contrarier, à la vie. Un apprentissage dans lequel il faut engager toutes ses forces. Ce serait tellement plus simple si, pour atteindre le graal, il suffisait de suivre à la lettre une série de recettes du type
« Le bonheur en 12 étapes ».
Le bonheur n'est pas une destination, plutôt un cheminement. Pas un sprint, plutôt un marathon. Le jour où nous l'entreprenons, nous percevons combien nos vieilles croyances, nos mauvaises habitudes, notre impuissance à agir ont maquillé la réalité ; combien elles nous ont privé de joie, de passion et de confiance en nous. Le bonheur d'être sur ce chemin unique qui est le nôtre est intense, entre efforts et grâce : On y peut tout et on n'y peut rien. Il y a à accueillir.
Des conseils... J'en ai identifié une soixantaine dans mon livre.
J'aime bien ces conseils ces proverbes tibétains issus de la pratique bouddhiste du lojong (littéralement « transformer l'esprit ») :
Ne pratique pas de façon arrogante.
Ne sois pas partial.
Change ton attitude intérieurement.
Ne parle pas des défauts d'autrui.
Ne pense rien des fautes d'autrui.
Purifie d'abord tes plus gros défauts.
Abandonne tout espoir de résultats.
Ne sois pas rancunier. Ne prends pas plaisir aux paroles négatives.
N'attends pas l'occasion d'une revanche.
Ne heurte pas le point sensible.
N'utilise pas les autres comme bouc-émissaire. N'aie pas l'esprit de compétition.
Ne fonde pas ton bonheur sur le malheur d'autrui.
Pratique l'essentiel maintenant.
Ne pratique pas épisodiquement.
Observe, examine, et libère-toi.
Pratique sans vanter tes mérites.
Ne sois pas coléreux. Ne sois pas changeant. N'espère pas de gratitude
Pensez-vous qu'il faille « faire la cour au Bonheur »....Faire la cour exige de prendre tout son temps ! Délicatesse et patience. Je conseille de ne pas vouloir atteindre le bonheur en un coup de baguette magique, ni d?attendre ni ceci ni cela car la vie nous envoie toujours des choses si surprenantes, et au moment qui est le sien ! J'ai constaté qu'elle avait également beaucoup plus d'imagination que moi, alors je la laisse faire. Je lui donne donc carte blanche sur le temps que le bonheur prendra à venir à moi... Il y a souvent des seuils à passer, les uns après les autres.
Le bonheur se vit par étape, pourquoi attendre d'avoir atteint le but pour se réjouir... Nous ne sommes jamais sûrs d'atteindre l'objectif. Autant semer des joies sur le trajet et célébrer chaque étape. Je l'ai toujours pratiqué professionnellement. Quand on passe deux ans sur un projet ou six mois à se dépêtrer d'un dossier kafkaïen, il faut se ménager des moments, pour soi ou en équipe. « Nous en sommes déjà arrivés là ! Qui vient saluer ça avec moi devant un verre ou un bon repas... » Les mois et les étapes passant, à la fin, l'objectif aura déjà été fêté plusieurs fois ! Voilà un humble sentier vers le bonheur !
Le Bonheur ça se pratique
Anne Ducrocq
Editions de La Martinière
15,90 euros
En vente dans toutes les bonnes librairies
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