Séverine Bizeau

Solitude, dépression, la dépendance à l?alcool est une blessure bien difficile à surmonter... Séverine Bizeau dans son livre La dépendance à l'alcool : l'art-thérapie au coeur du dépassement vous aide à franchir l'irréversible...

Terrassée par le décès de son époux, Séverine sombre dans l'enfer de cet asservissement.
Confiance, lumière retrouvée, le livre de Séverine est un splendide témoignage pour toutes celles et tous ceux qui doivent, qui veulent lever la tête...

« Pendant des années, j'ai véçu pour les autres, à travers les autres... Et ça m'arrangeait bien, car cela m'évitait d'aller en moi, de comprendre certaines blessures... », écrivez-vous.
Vous considérez que toute personne addicte à l'alcool peut faire siens de vos propos...
L'addiction est si complexe que chaque cas a son histoire.
Ce que j'exprime dans ces propos concernant mon histoire est que, dans cette première partie de vie, j'ai cherché - inconsciemment - à combler ce vide viscéral (décrit) qui était en moi. De manière plus générale, l'addictif cherche à « fuir » pour trouver une béquille au mal-être qu'il ressent en lui. Maintenant est-ce qu'il cherche à éviter certaines blessures, à éviter de se mettre face à face avec lui-même... J'ai envie de répondre que cela dépend de son niveau de conscience et donc de déni... « Je ne considère pas que toute personne addictive à l'alcool peut faire siens de mes propos », en tout cas cela peut amener certains d'entre eux - encore dans le déni - sur un cheminement de questionnements personnels et d'autres - déjà dans l'acceptation - dans des réflexions plus rationnelles, comme de mettre au coeur de leur vie des projets qui viennent remplacer le rôle de l'alcool.

Vous énoncez la force et la richesse des modules théoriques de l'Art-Thérapie, qui vous ont permis de vous en sortir, si vous me permettez cette expression... Par exemple... Développement psychologique de l'enfant, le second module sur la psychanalyse, avec les différents questionnements de Freud et de Jung...
Même si tous les énoncés sont clairs, ne pensez-vous pas que toutes ces analyses s'adressent à des gens essentiellement cultivés...
Alors, je vais vous avouer quelque chose : je ne suis pas quelqu'un de « cultivé », je suis quelqu'un qui s'intéresse à la personne humaine dans son entièreté et la manière qu'elle a de réaliser son chemin de vie.
En d'autres termes, à l'évolution personnelle que nous souhaitons mettre dans notre vie. Ce qui nous fait « vibrer ». Alors, si pour vous, les « gens cultivés » renvoient à cette définition, je ne peux répondre que oui à la question posée. Dans mon propos, ces analyses s'adressent aux personnes qui « cherchent » à comprendre, à se comprendre et à s'améliorer pour arriver à leur équilibre personnel. Et nous sommes tous capables de cela. Les auteurs que j'évoque viennent appuyer mon propos mais la plus grande partie du livre s'adresse, au travers du témoignage, à tous ceux en route sur le chemin de leur compréhension personnelle...
«  Gens humanistes »...

« S'aimer soi-même »... Ce devrait être pour vous la philosophie du malade alcoolique qui veut en finir avec son addiction...  
Vaste sujet.
Pour autant, je pense que oui, « s'aimer soi-même » est la première étape pour être capable d'être dans sa propre bienveillance et non dans la destruction de soi-même ... Et partir dans les paradis artificiels.
« S'aimer soi-même » est probablement l'étape essentielle à la mise en place de projets futurs car cela engage la confiance et la joie de réaliser. Et lorsque nous sommes dans la réalisation de projets, sans question de jugement de l'ampleur dudit projet, alors oui on peut en finir avec son addiction car nous remplissons notre manque par la création, création qui commence par l'amour qu'on se porte tel que nous avons été créé. C'est d'ailleurs le socle du programme d'abstinence que je suis en train de développer.
En revanche, je nuancerai votre propos en parlant plutôt de « rémission » que de « fin » car l'addiction alcoolique est une maladie déclarée comme telle par l'OMS en 1979.

L'art-thérapeute est le garant de la séance... Expliquez-nous...  
On entre ici dans la profession d'art-thérapeute ; garant de la séance ... Oui dans le sens où, telle que dispensée par le CERFPA, la formation place le corps comme le premier outil (Medium) à exploiter et à mettre au coeur d'une séance. C'est une des clés essentielles de leur enseignement. Dans ce contexte, il est indispensable pour l'art-thérapeute qui anime l'atelier de maîtriser le ressenti de chacun car elle cherche précisément à ébranler les blocages via le corporel et le ressenti (lors d'un protocole / atelier) pour faire évoluer la personne en conscience. C'est-à-dire que, certaines expériences étant particulièrement remuantes, certains peuvent vivre une très forte montée d'émotions que l'art-thérapeute doit absolument savoir gérer. C'est véritablement à ce moment là que l'art-thérapeute doit garantir que la personne qui a souhaité participer à un atelier - quelqu'en soit le thème - reparte aussi sereine qu'à l'arrivée, voire même débarrassée de doutes, ou tout du moins dans une belle énergie de lâcher prise !

La Dépendance à l'alcool :
L'art-thérapie au coeur du dépassement
Séverine Bizeau

Editions du Panthéon
13,90 euros

En vente... A commander absolument dans toutes les bonnes librairies

www.editions-pantheon.fr