Joffrey Chalaphy, Directeur des Grands Thermes de la Bourboule, nous confie sa vision de la place de la Médecine Thermale dans le temps futur...
Depuis le mois de juin 2018, date de son arrivée, Monsieur Chalaphy n'a eu de cesse que de viser l'excellence des soins thermaux.
Innovant dans bien des domaines...Ainsi La Bourboule, 1ère Station Thermale en pédiatrie, devient la station la plus investie dans l'étude sur le fractionnement de la cure enfants (12 jours + 6 jours) en partenariat avec le CNETH et la CPAM... Eux-mêmes à l'initiative de cette réalisation, (aux côtés de 6 autres stations thermales).
Autre temps fort, la station est à la pointe de la médecine thermale Post-Cancer.
Monsieur Chalaphy travaille à l'élargissement de nouveaux soins en Post-Cancer à l'aide du partenariat qu'il construit avec deux Centres anti-cancer reconnus en France et au-delà...
Le premier... Le Centre Jean Perrin à Clermont-Ferrand, par sa reconnaissance hospitalo-universitaire en médecine nucléaire, anatomie pathologique, oncogénétique, chirurgie, radiothérapie et médecine oncologique.
Le second... L'Institut de Cancérologie Gustave Roussy, premier Centre de Lutte Contre le Cancer en Europe.
Grâce à l'action de l'association de patients atteints de cancer ORL rares Corasso, cette collaboration se bâtit autour de la prise en charge plus globale du patient. En recrutant un Psychologue chargé de la promotion de la santé au sein de son établissement, il essaie de développer de véritables parcours de santé intégrative alliant quatre dimensions, le soin thermal bien sûr, le psychique, le physique et le récréatif et le nutritionnel.
Certainement la station thermale idéale en France pour les petits et les grands...
Située dans le Parc Naturel Régional des Volcans, faille de Limagne, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2018,
Ce véritable joyau de la Belle Epoque ancré dans un territoire préservé, se loge et s'épanouit tout au long de la rivière de la Dordogne, au sein du Massif du Sancy.
Riche de ses nombreux oligo-éléments tels que le Magnésium, le Lithium, le Bore ou encore le Fluor, cette eau thermale a pour effet de stimuler l'immunité de l'organisme et de réduire l'inflammation des tissus. Elle est donc particulièrement indiquée pour le traitement des affections respiratoires dont l'asthme et les allergies. Egalement utilisée pour les problèmes de peau tels que l'eczéma, le psoriasis ou encore les séquelles de brûlures et de cicatrices pouvant être liées à un traitement post-cancer.
« La situation actuelle met au jour l'une des faiblesses de notre politique de santé, à savoir la santé environnementale et la lutte contre les maladies chroniques, dont la genèse se trouve dans nos modes de vie (sédentarité, mauvaise alimentation, pollution, perturbateurs endocriniens...). Car au-delà des soins, la prévention doit devenir un axe fort de nos dépenses de santé. C'est dans ce nouveau paradigme que la médecine thermale peut et doit jouer tout son rôle... », écrivez-vous...
Le Thermalisme Français se voulait déjà « médecine préventive » avec tous les ateliers d'hygiène et de bonne santé, dont l'intervention de nombreux professionnels de santé ou de professionnels d'autres disciplines (psychologue, sophrologue, éducateur sportif, art-thérapeute, professeur de yoga, diététicien) pendant la cure thermale remboursée de 21 jours. Il était même question de nommer les Stations Thermales d'Auvergne « Pleine Santé »... Dans quelles mesures vous envisagez une Médecine de Prévention Thermale encore plus intense...Le concept de pleine santé ne s'est pas réellement imposé. Je crois qu'aujourd'hui, santé intégrative, parcours de soins sont des notions qui parlent plus aux médecins. Rien ne doit se faire sans un minimum de validation médicale. Ce n'est pas non plus une question d'intensité. A ce jour, les initiatives, les concepts, les investissements dans le domaine de la prévention santé au sein des établissements thermaux n'obéissent à aucune ligne directrice, à aucun cahier des charges, à aucun objectif commun. Il s'agit de nos propres initiatives, que chacun essaie de développer, à son niveau, avec sa vision. Le problème c'est que l'on trouve de tout et que cela part dans tous les sens et quelque part malgré notre bonne volonté cela peut aussi jouer contre les établissements thermaux par manque de professionnalisme (et c'est bien normal car ce n'est pas notre métier à la base), de repères, de savoirs tout simplement. La création d'une filière prévention encadrée au sein du thermalisme permettrait de définir des standards d'une prise en charge globale. A partir de là, liberté serait donnée aux établissements pour définir leur projet en la matière (ce que font déjà certains établissements) et le soumettre à la communauté médicale avec pour objectif de créer une synergie entre médecine thermale et prise en charge dite « préventive ». Bien évidement cela doit se faire de façon concertée, avec nos partenaires (ministère de la santé, ministère des sports...), avec nos instances nationales, avec des universitaires.
Pensez-vous que la recherche thermale doit faire partie intégrante du cursus de recherche universitaire et donc doit faire partie du cursus de l'enseignement universitaire en médecine...Pour moi, c'est la vraie question. Quand je vois le nombre de thèses de médecines qui ont été écrites de 1950 à 1990 sur l'action de l'eau thermale, sur les pratiques de soins dans mon établissement et que depuis plus rien, je me dis qu'il y a un problème. Je crois qu'il faut que la profession se batte pour que la médecine thermale à part entière redevienne une matière enseignée dans le cursus universitaire. C'est un débat que nous devons poser. Cela renvoie à la question de notre politique de santé axée presque exclusivement sur le curatif, même si les campagnes de détections produisent leurs effets, elles ne sont pas suffisantes au regard de la problématique posée par la santé environnementale et la lutte contre les maladies chroniques.
Faudra-t-il rendre « obligatoire » une cure thermale en cas de maladies chroniques...
En tous les cas fortement conseillée, afin de réduire, voire de supprimer toutes prises excessives de médicaments, stress et autres malaises...Je ne crois pas qu'il faille prendre les choses comme cela. La médecine thermale est un traitement médical parmi d'autres. Les traitements ne doivent pas s'opposer les uns aux autres, seuls les médecins sont en capacité de prescrire ce qui est le bon remède pour leur patient. Mais encore faut-il q'ils aient le bon niveau de connaissance sur ce qu'est la médecine thermale aujourd'hui. Ce que les caractéristiques physico-chimiques de l'eau peuvent apporter et demain peut-être le microbiote de ces eaux. La clef demeure le cursus universitaire de médecine et la place de la médecine thermale dans ce cursus. Je vous rappelle que s'il y a un problème de démographie médicale dans notre pays, cette problématique est encore plus criante et inquiétante au sein des établissements thermaux. Le thermalisme souffre de la non prescription médicale mais il est vrai, que contrairement, aux laboratoires nous n'avons pas de visiteurs médicaux pour porter la bonne parole !!
Vous envisagez imaginer d'autres soins d'eau thermale dans ces cas... Notamment en gêne respiratoire comme le présente le virus du Covid 19...Vous me parlez du jour d'après ! On peut envisager beaucoup de choses mais rien ne se fera sans la médecine. Oui notre eau renforce l'immunité des personnes. Mais ce serait super de pouvoir compter sur une étude médicale pour faire une corrélation entre eau thermale de La Bourboule et son éventuel impact sur les défenses immunitaires liées au Covid19. Ce qui est dit aujourd'hui c'est que les maladies chroniques sont un facteur aggravant lors de la contraction du Covid et que nos cures améliorent considérablement l'état de nos patients atteints de ces maladies chroniques. Et c'est pour cette raison, que préparer l'avenir sanitaire c'est aussi se reposer les bonnes questions sur nos pratiques de santé, dont le thermalisme fait partie.
Vous avez reçu le prix de l'Initiative AFTH pour la mise en place d'une cure thermale connectée avec le robot-compagnon Joe, destinée aux enfants asthmatiques... Vous pouvez nous en dire un peu plus sur cette cure...
C'est un pari un peu fou de vouloir dépoussiérer une médecine ancestrale et la relier à son époque. Ce partenariat était pour moi l'occasion d'ouvrir la voie d'un thermalisme ouvert à la technologie. Un thermalisme lieu d'éducation thérapeutique et je crois que notre coopération avec Ludocare est une réussite sur ce point. Car on joue à fond la carte de la complémentarité des médecines avec l'introduction d'outils connectés. Nous sommes la première station pédiatrique de France. Il est important de préciser que de suivre une cure n'est pas toujours simple pour les enfants et leur famille. Si les trois semaines passées au sein de notre établissement peuvent contribuer à faire en sorte que les familles puissent appréhender de façon différente la gestion de la maladie de leur enfant, avec moins de stress, plus de connaissance sur la gestion de cette maladie, en réduire les contraintes, alors nous nous inscrivons bien dans une prise en charge plus globale du patient. Si à cela on ajoute de la pratique d'activité physique adaptée à la maladie chronique, des séances de sophrologie, de la musicothérapie, alors nous entrons dans l'air de la santé intégrative et le thermalisme est pour moi l'acteur idéal de cette nouvelle approche de la santé. Mais attention, je le redis, rien ne devra se faire sans la communauté médicale.
Les Grands Thermes de La Bourboule
76 Boulevard Georges Clémenceau
BP 85
63150 La Bourboule
04 73 81 21 00
www.grandsthermes-bourboule.com
Cette année
Les Grands Thermes devaient vous accueillir de février à novembre.
Avec ce terrible virus, à ce titre, une permanence téléphonique est assurée du lundi au vendredi de 10h à 12h et de 14h à 16h, afin de vous informer sur les différentes dispositions sanitaires à venir. Et surtout d'être à votre disposition pour reporter votre séjour. Contactez aussi par e-mails à l'adresse suivante : contact@grandsthermes.com