Le Professeur Yves-Jean Bignon, adjoint au Maire de Vichy, également Président du Syndicat Intercommunal Thermal de l'Allier, vient d'être élu Président de
l'Association Thermauvergne... Heureuses perspectives pour ces Stations Thermales de cette magnifique région d'Auvergne...
Cette association réunit les 11 Stations Thermales d'Auvergne, du Limousin et de Bourgogne du Sud, proposant une offre de Thermalisme médicalisé.
Elle est en charge des intérêts de celles-ci depuis plus de 30 ans, participe au financement des travaux de recherche et d'évaluation du Service Médical Rendu par le Thermalisme.
Le Professeur Bignon nous dévoile son attachement très fort au Thermalisme, tous ses projets pour cette thérapie naturelle qui a bien des effets bienfaiteurs sur la santé, sur le physique, mais aussi sur l'âme...
Il est également Directeur fondateur du département d'oncogénétique du Centre Jean Perrin, Professeur des universités de classe exceptionnelle et membre de Sociétés Savantes Internationales autour de la génétique et de la recherche sur le cancer.
Professeur de médecine, chercheur... Vous avez été toujours passionné par cette médecine dite « naturelle » qu'est le Thermalisme... Pouvez-vous nous en donner les raisons...Ayant passé mon enfance à Vichy, j'ai été élevé avec les sources thermales. Devenu Professeur de médecine, spécialisé en oncogénétique (prise en charge du risque héréditaire de cancer), la prévention d'une maladie grave comme le cancer a été ma principale motivation. J'ai redécouvert la médecine thermale il y a une quinzaine d'années au hasard de rencontres avec Thermauvergne et ai alors immédiatement perçu que la médecine thermale pouvait être une autre approche de la prévention non plus pour éviter à un cancer d'apparaitre (prévention primaire et secondaire) mais plutôt pour limiter les effets toxiques de la maladie cancéreuse et de ses traitements dans le cadre de la prévention tertiaire.
Vous êtes le créateur de l'étude PACTHE, ce programme d'accompagnement et de réhabilitation post-thérapeutique pour les femmes en rémission complète de leur cancer du sein en milieu thermal... C'est une cure bien spécifique grâce à votre protocole établi.
Vous pouvez nous en dire un peu plus sur cette cure proposée aux patientes, aux patients...
Souhaitez-vous que toutes les Stations Thermales d'Auvergne la pratiquent...
Enfin cette cure va-t-elle être bientôt entièrement remboursée par la Sécurité Sociale...Ce n'est pas véritablement une cure thermale, mais plutôt une prise en charge spécifique adossée à une cure thermale conventionnelle. Ce qui m'a séduit dans la médecine thermale c'est sa prise en charge holistique médicalisée non hospitalière des malades qui associe médecine et détente/loisirs où quelque part, tout est mis en oeuvre pendant le séjour thermal pour faire oublier la maladie tout en prenant soin de soi. L'objectif principal de l'étude PACThe était d'améliorer durablement la qualité de vie des femmes atteintes de cancer de sein après que leurs traitements sont terminés, quand elles sont en rémission complète de leur cancer. Nous avons alors mis en place deux groupes de femmes par tirage au sort : celles à qui nous donnions des recommandations d'hygiène de vie avec un suivi semestriel à leur domicile et celle qui étaient prises en charge pendant deux semaines avec les mêmes recommandations dans une station thermale, bénéficiant ensuite comme dans le premier groupe d'un suivi semestriel.
Les résultats ont été au-delà de nos espérances, car nous pensions n'améliorer la qualité de vie de ces femmes que très transitoirement. Or à 5 ans, le groupe des femmes prises en charge en station thermale avait toujours un score de qualité de vie significativement meilleur que celui des femmes prises en charge à domicile. C'est la première fois que l'on démontrait une amélioration aussi prolongée de la qualité de vie par une intervention médicale !
Au-delà de ces résultats extraordinaires d'un programme de recherche, il nous a paru justifié de proposer ce type de prise en charge à toutes les femmes en post-cancer du sein. Nous avons alors mis en place un programme d'éducation thérapeutique des patientes que l'ARS a labellisé et dont les femmes et hommes (même s'ils sont 100 fois moins nombreux que les femmes à développer un cancer du sein) peuvent bénéficier pendant une cure thermale conventionnée.
Par la suite la Caisse Nationale d'Assurance Maladie, interpellée par nos résultats, nous a proposé de prendre en charge à 50% dans le cadre d'une expérience pilote 1 200 femmes en post-cancer du sein dans 19 établissements thermaux français. Tout en les remerciant chaleureusement de cette proposition inédite, j'ai insisté pour qu'une évaluation du score de qualité de vie soit mise en place : le CNETh (Conseil National des Etablissements Thermaux) ayant bien compris l'intérêt d'une telle démarche, a accepté de financer cette évaluation qui débute en juillet 2021.
J'aspire maintenant à ce que le post-cancer devienne une nouvelle indication de prise en charge par la Sécurité Sociale dans les établissements thermaux pour tous les malades.
Redonner davantage de l'élan au Thermalisme qui, cependant se porte de mieux en mieux... Pouvez-vous nous expliquer comment vous envisager le faire rejaillir, si vous me permettez cette expression...
Dans l'ère de crise sanitaire liée au COVID, le thermalisme a lourdement souffert et a effectivement besoin de « rejaillir ». Le thermalisme se porte de mieux en mieux, mais a besoin d'innover comme il l'a fait pendant la période de son âge d'or aux 19ème et début du 20ème siècle. Le plan national de santé français nous engage à faire de la prévention en santé afin de diminuer dans notre population le poids des maladies et des comorbidités. Je suis convaincu que l'accompagnement et l'éducation à la prévention ne peut se faire ni à domicile ni dans les hôpitaux. Par contre les établissements thermaux et les stations thermales avec leur prise en charge holistique multidisciplinaire des personnes sont tout à fait adaptés à la prévention santé. De même, nous voyons maintenant de nombreuses personnes souffrir de syndromes post-COVID qui ne relèvent pas d'une hospitalisation mais qui ont besoin d'une prise en charge médicale : les stations thermales sont probablement les structures de prise en charge les mieux adaptées à cette nouvelle situation et commencent à proposer des programmes innovants de prise en charge dès cette année.
Des médecins thermaux, des kinésithérapeutes thermaux... Pensez-vous qu'enfin le milieu médical reconnaît ou va reconnaître, la valeur exceptionnelle de cette thérapie naturelle...C'est en tous cas ce à quoi je m'emploierai pendant mon mandat de Président de Thermauvergne utilisant ma position de Professeur des Universités de classe exceptionnelle en médecine pour faire percevoir à mes collègues à quel point la médecine thermale est une médecine complémentaire utile dont les malades ont besoin. Il n'est pas normal que ce soit les malades qui demandent à leur médecin de leur prescrire une cure thermale, c'est au médecin de proposer cette prescription parce qu'il sait qu'elle sera bénéfique à ses patient(e)s.
Pleine Santé... Prévention Santé... Aujourd'hui la médecine générale, les priorités de la fonction publique s'intéressent surtout à la santé fonctionnelle...
Pensez-vous que le thermalisme peut tout à fait combler ce manque d'intérêt au bien-être général, à l'attention d'une bonne alimentation, au bonheur d'une activité physique, à la pratique de certaines activités tels que le Yoga, la méditation et plein d'autres...
Quels sont vos projets pour encourager les Stations Thermales à poursuivre cette démarche Prévention Santé qu'elles enseignent déjà...Les stations thermales font effectivement déjà un peu de prévention en santé, je pense néanmoins qu'elles font de la prévention-santé comme Monsieur Jourdain en réalisant a posteriori qu'il s'agit de prévention-santé sans en avoir compris et développé toutes ses dimensions. Quand, au niveau de la région Auvergne-Rhône-Alpes, les stations thermales ont choisi de s'engager résolument dans la prévention santé avec l'ambition d'en devenir leader, chacun s'est alors demandé ce que cela voulait dire exactement et si tout le monde en avait la même compréhension.
Un groupe de travail s'est alors constitué piloté par l'Institut Interuniversitaire de Médecine Thermale (IIMT) avec les établissements thermaux. L'IIMT travaille de concert avec le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes et a défini un programme à mettre en oeuvre associant les 4 ateliers de la prévention lié à notre mode et notre comportement de vie que sont : nutrition, activité physique, psychologie et environnement. Ce programme dont la démarche est celle d'une « éducation à la santé » pendant le séjour thermal sera testé dans 4 stations thermales d'Auvergne-Rhône-Alpes dès cet automne 2021 avant d'être proposé dans l'ensemble des 24 stations de notre région.
Pouvez-vous nous dévoiler les dernières nouvelles quant à la candidature de la ville de Vichy à L'UNESCO...Eh bien, le calendrier est maintenant d'une chaude actualité !
Nous avons reçu le 4 juin 2021 le rapport public des experts de l'ICOMOS mandatés par l'UNESCO pour évaluer la candidature au patrimoine mondial des « Grandes Villes d'Eaux d'Europe » ou « Great Spa Towns of Europe ». Ce rapport recommande l'inscription au patrimoine mondial de l'humanité.
Ce qui devrait donc être inscrit c'est la « valeur universelle exceptionnelle » de la médecine thermale qui a la particularité d'associer les soins thermaux (internes et externes) aux activités physiques de plein air et aux loisirs dans une démarche que l'on appelle « prendre les eaux ». Les développements de la médecine thermale pendant la période 1700-fin des années 1930 ont amené des aménagements matériels de cette démarche de « prendre les eaux » qui font la candidature des grandes villes d'eaux d'Europe : sources et hall des sources, galeries et colonnades, établissement thermal, parcs et promenades, casino, opéra, théâtre, jeux, installations sportives... Vichy en cela, est l'exemple le plus abouti des villes thermales françaises et représente donc la France dans cette candidature aux côtés de nos 10 villes partenaires du Royaume Uni, d'Allemagne, d'Autriche, d'Italie, de Belgique, de République Tchèque.
Le verdict final lié au vote des 21 pays du comité du patrimoine mondial réuni à Fuzhou en R.P. Chine sera connu le samedi 24 juillet entre 13h30 et 15h.
Association Thermauvergne
8 avenue Anatole France
Résidence Les Châtaigniers
63130 Royat
Puy-de-Dôme
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